5e résidence de création à Saint-Élie-de-Caxton : des nouvelles de Françoise Crête

Quelle chance d'être artiste en résidence ! C'est pour l'artiste du temps, des rencontres, un travail d'écriture, un recul, une disponibilité à l'autre, une disponibilité à soi. Et quand la résidence se déroule à Saint-Élie-de-Caxton, c'est un vrai cadeau !

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États d’âmes et racontars à Saint-Élie… et en Mauricie

Dix jours ont passé depuis mon premier texte relatant ma « vie en résidence » à Saint-Élie, et déjà 18 jours depuis le début… il me reste moins que la moitié du temps. Cela passe trop vite !

Mon travail d’écriture

Mes personnages ont pris vie : protagoniste, antagonistes, personnages secondaires. Ils ont un nom, des caractéristiques convergentes ou divergentes (défauts ou qualités qui vont aider ou nuire à leurs objectifs). Les situations dramatiques prennent forme aussi et s’enrichissent au fur et à mesure du travail. Et toujours cette joie, mais aussi cette petite angoisse qui m’obligent à aller au-delà de mes limites imaginaires.

Et la recherche sur  Internet s’affine, en précisant soit un lieu, des occupations quotidiennes dans un camp de réfugiés, et en m’inspirant du témoignage de certains d’entre eux. À ce sujet, la semaine prochaine, je rencontrerai à Trois-Rivières un couple de réfugiés syriens prêts à me parler de leur enfance, de leurs souvenirs, de ce qu’ils ont dû quitter… Bref, le travail est bien amorcé et la venue de Martin Mercier, mon coach d’écriture, pendant trois jours, me donnera un autre bel élan.

Mon spectacle Esther

Samedi passé, une belle salle remplie au Rond Coin, des applaudissements chaleureux. Ça fait chaud au cœur quand on vient te voir personnellement, après pour te parler, quand un gars connu quelques jours auparavant te revoit chez Méo le lendemain et te dit précisément pourquoi il a  aimé. C’est réconfortant !

Rencontré et jasé

J’ai fait la rencontre, par hasard, de trois Caxtonniens célèbres, vedettes de la série télévisée Saint-Élie-des-Légendes de l’an passé.

Jean, dit le Rocker. Chez Méo, j’ai eu le plaisir de jaser avec  le Rocker et son ami, travaillant à la voirie de Saint-Élie. Le Rocker est un « fan » fini de la météo, avec cartes spécialisées sur Internet. Il suit ça comme quelqu’un suit le hockey et il est meilleur que les météorologues de la télé. Il m’avait bien dit que ça grésillerait… Et ben, ça a tellement grésillé et verglacé qu’il y a eu une panne de courant le lendemain soir à 20h30. Noir total… Décision rapide à prendre :  comme l’expression de mon inspiration s’organise mieux avec les touches du clavier qu’avec ma main d’écriture désordonnée, partir à Verchères était la bonne décision car la panne ici a duré dix-huit heures. De toute façon, je devais aller à Montréal pour un atelier de La Pire Espèce le lendemain.

M. Déziel. En faisant une petite promenade jusqu’au Garage culturel (pour m’aérer l’esprit), un homme âgé, élégant avec son chapeau de détective, s’arrête, sort de sa voiture et s’approche de moi. « Vous avez besoin d’un renseignement ? » lui dis-je. Fièrement, il me répond « Non, je suis d’ici, c’est moi, l’ancien propriétaire du garage ». M. Déziel m’a parlé de son enfance quand il travaillait avec son père au garage. Ça lui a fait un coup au cœur quand il a dû fermer son entreprise. C’était un autre  lieu de rassemblement où l’on pouvait savoir tout ce qui se passait dans le village. Son épouse, une dame Lacoursière, m’a dit qu’elle venait de Grand-Mère, pas si loin d’où j’habitais.

Et Momo. Que dire de Maurice, Momo pour les intimes, qui a une vente « perpétuelle » de garage, rieur malgré ses problèmes aux jambes. Il attend de se faire opérer ! Il m’a tout raconté…

Conter à l’école

J’ai offert  au directeur de conter aux jeunes de l’école (préscolaire, 1ère et 2ème). En deux temps, trois mouvements, cela s’est organisé. J’irai le dernier jeudi de ma résidence, question de redonner à la communauté !

À faire

Le soir, écouter les épisodes de Saint-Élie-des-Légendes prêtés par Fred (il est temps que je sache qui sont les vedettes du village) et voir les films de David Lynch, réalisateur fétiche pour la session de l’Espèce de troupe (théâtre d’objets), lire des contes traditionnels arabes…  Et le jour, mon travail d’écriture, entrecoupé de petites randos dans Saint-Élie et ce samedi, une invitation chez une voisine pour une soirée de poésie. Sympa !

Photos

Voici, en vrac, des photos du calvaire prises un matin très tôt, et d’autres clichés du village avec entre autres, quelques-unes de ses vedettes… bien jasantes.

 

Françoise Crête

19 avril 2018